C’était donc au tour d’Amélie Nothomb d’être célébrée, elle qui a fait de la littérature …. un art de l’hospitalité …. On entre dans ses livres comme les hôtes sont accueillis à l’une de ces réceptions et autres garden-parties qui peuplent son œuvre. Du reste, Premier sang s’inscrit dans cette gaie continuité. « Ma mère s’était lancée dans les mondanités. (…) Le matin, elle se réveillait en pensant : “Que vais-je porter ce soir ?” », peut-on lire dès les premières pages
Dans ce roman en forme de conte, en effet, l’écrivaine fait parler son père, Patrick Nothomb, à la première personne : « le présent a commencé il y a vingt-huit ans. Aux balbultiements de ma conscience, je vois ma joie insolite d’exister. Insolite parce qu’insolente : autour de moi régnait le chagrin ». Page après page, elle redonne voix à ce diplomate, mort en mars 2020, afin qu’il retrace son propre destin, depuis sa naissance dans un milieu d’aristocrates déclassés jusqu’à la naissance de sa fille, et des rudes journées qu’il passa, enfant, auprès d’un grand-père à la fois poète et tyran, jusqu’à la terrible prise d’otages où il a failli mourir.